Olivier Coulon, Innovation Leader & Facilitator
L’humour est un échauffement à la créativité
Quelles spécificités prends-tu en compte lorsque tu conçois un atelier avec les équipes créatives ?
La maturation. Dans la créativité, les meilleures réponses viennent rarement lors des ateliers. Ces derniers déclenchent des idées mais pas forcément des solutions dans l’instant elles peuvent apparaître après le workshop, et la réponse finale va mûrir avec le temps.
La diversité. Il faut comprendre qu’il y a autant de profils créatifs que de participants. Notre job en tant que facilitateur est d’identifier ce qui va ouvrir la voie et permettre aux équipes créatives de réfléchir dans la bonne direction le plus rapidement possible.
En quoi les équipes créatives en agence sont-elles différentes d’autres équipes de travail ?
Les différents postes n’avancent pas toujours à la même vitesse. Faire émerger les idées et les concepts très créatifs avec des personnes dont ce n’est pas le métier principal est assez challenging, surtout lorsqu’on amène les concepteurs/rédacteurs à travailler en atelier avec les chefs de projet, par exemple. Ça peut être source de frustrations, même si les résultats sont toujours plus riches, grâce à la diversité.
Quels sont les risques ou les points de vigilance pour une facilitation axée spécifiquement sur la créativité ?
Il faut veiller à l’ambiance. Si l’atmosphère de travail est trop “sage”, on risque d’obtenir des solutions qui ne sont pas satisfaisantes.
Il faut aussi faire attention au “casting” : si je ne connais pas les participants, par exemple, je double le temps de l’atelier. Il faut laisser du temps pour créer une dynamique où les participants sortent de leurs postures et rebondissent sur des idées sans pour autant juger les autres. On crée ainsi un environnement où le groupe adopte une posture d’empathie particulière.
Quels outils privilégiez-vous pour un atelier stimulant ?
J’ai souvent envie d’avoir recours à des outils type photolangage ou mots inducteurs, pour aider les cerveaux à décoller plus vite grâce à l’analogie forcée. Mais j’ai découvert que c’est quitte ou double. Les créatifs les plus « instinctifs », ou peu réceptifs à la stimulation visuelle, vont être parfois bloqués plutôt que stimulés. C’est un apprentissage important : ce qui me stimule personnellement n’est pas forcément un moteur pour les autres.
Quels sont tes conseils pour concevoir un atelier qui stimule l’innovation et la créativité ?
Établir clairement les règles du jeu : Un conseil qui s’applique en général mais qui est primordial dans ce type d’atelier. Il faut bien faire comprendre aux participants que, dans un atelier créatif, on cherche à faire émerger des idées, mais qu’aucune décision n’est prise dans l’instant, donc ils peuvent se lâcher. Ils ne doivent pas craindre de dire ce qui leur passe par la tête. Cette précision réduit la pression et augmente l’efficacité du travail d’équipe.
Faire preuve d’audace : Le facilitateur est le premier vecteur de créativité. En adoptant d’emblée une posture et une tenue originale, dans un lieu aménagé de façon inédite, on montre déjà comment il est possible de se dépasser sur le plan créatif. Je préconise aussi un peu d’humour qui est un échauffement à la créativité.
Donner des exemples : Cela permet d’illustrer ce qu’est la créativité. C’est par la force des exemples que l’on peut déclencher une illumination. Si on part de rien, les équipes se trouvent en position fébrile et donc dans une dynamique infertile.
Privilégier un format court : Les ateliers rapides permettent de maintenir l’enthousiasme des participants d’éviter que leur cerveau ne se bride et ne les rende trop “sages”